L’étude Entred (Échantillon national témoin représentatif des personnes diabétiques), publiée le 8 novembre 2022 dans le Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire (BEH), décrit les caractéristiques et l’état de santé des personnes traitées pharmacologiquement pour un diabète en France métropolitaine. Pour la première fois par rapport aux éditions précédentes (Entred 1 2002-2003 et Entred 2 2007-2010), un échantillon des personnes vivant avec un diabète de type 1 (DT1) a permis de fournir des données sur cette maladie.
Un échantillon de 9 072 personnes de plus de 18 ans, traitées pharmacologiquement pour un diabète, a été tiré au sort dans les bases de l’Assurance maladie (régime général et sécurité sociale des indépendants). Ces personnes ont été invitées à répondre à un auto-questionnaire. L’étude a finalement inclus 8 728 personnes, dont 3 166 personnes ayant participé à l’enquête (soit environ 36 % de l’échantillon initial), 2 176 par auto-questionnaire papier, 678 par auto-questionnaire Internet et 312 par questionnaire téléphonique court uniquement.
Il ressort que près d’un quart des personnes (24 %) étaient nées à l’étranger, et que dans 11,1% des cas, il s’agissait d’un pays du Maghreb.
Parmi les 3 166 répondants, 2 714 (environ 94 % ont été classées comme souffrant d’un DT2, 412 (environ 5 %) comme ayant un DT1.
Les personnes vivant avec un DT1 sont plus jeunes que celles ayant un DT2
Les personnes avec un diabète de type 2 étaient principalement des hommes (environ 55 %), d’âge moyen 67 ans, nées en France dans environ 76 % des cas et nées dans un pays du Maghreb dans 11,1% des cas, tandis que 57 % des personnes vivant avec un diabète de type 1 étaient des hommes, âgés en moyenne de 47 ans et nés en France dans plus de 82 % des cas.
Les adultes DT1 ont un niveau socioéconomique plus élevé que les DT2
Concernant le niveau socioéconomique, il apparaît que 34 % des personnes avec un DT2 n’avaient pas atteint l’enseignement secondaire. Un peu plus d’un quart (28,1%) des personnes avec un DT2 avaient atteint le lycée ou un niveau supérieur, contre 57,6% des personnes DT1. La répartition des professions et catégories professionnelles était également différente entre les personnes vivant avec un DT2 et celles souffrant de DT1.
Parmi les patients DT1, on observe que 14,3 % sont des cadres et professions intellectuelles supérieures (contre 10,2 % des individus DT2). La part des employés est de 31,4 % parmi les personnes DT1, alors qu’elle est de 23,5 % dans l’autre catégorie. Enfin, les ouvriers sont plus nombreux parmi les personnes DT2 (22,6 %) que parmi les individus DT1 (15,6 %).
Parmi les DT2, l’ancienneté médiane du diabète est de 10,7 ans. Dans 70 % des cas, le DT2 a été découvert lors d’un examen de dépistage et dans environ 11 % des cas à l’occasion d’une complication.
L’étude fournit des indications sur les traitements des personnes ayant un DT2. Ainsi, au cours des 12 derniers mois, plus de 81 % d’entre elles avaient été remboursées de biguanides (classe d’anti-diabétiques oraux). Dans plus de 71 % des cas, elles étaient traitées uniquement par des antidiabétiques oraux et pour plus d’un tiers des cas (34,3 %), il s’agissait d’une monothérapie. Dans 6 % des cas, le ou les antidiabétiques oraux étaient associés à un analogue du GLP1. Enfin, 18 % des personnes avec un DT2 étaient traités par insuline associée à des antidiabétiques oraux et/ou un analogue du GLP1 (glucagon-like peptide-1), tandis que 4,5% ne recevaient que de l’insuline.
Plus de la moitié des personnes avec un DT1 vivent avec un diabète depuis plus de 20 ans
Concernant les personnes avec un DT1, il ressort que plus de la moitié d’entre elles avaient un diabète diagnostiqué depuis plus de 20 ans et que pour un quart d’entre elles le diagnostic avait été établi depuis une période de 10 ans à 19 ans.
Parmi les personnes avec un DT1, plus de 36 % avaient été remboursées d’une pompe à insuline au cours des douze derniers mois et 66 % de capteurs pour une lecture en continu de glycémie. Par ailleurs, environ 27 % des personnes vivant avec un DT1 et 10 % de celles présentant un DT2 avaient été remboursées d’une consultation chez un endocrinologue libéral au cours des douze derniers mois.
40 % d’obèses parmi les personnes atteintes de DT2
Parmi les personnes diabétiques de type 2, près de 40 % sont en surpoids et environ 40 % sont en situation d’obésité, dont 4 % présentent une obésité massive. Environ 77 % déclarent suivre un traitement pour hypertension artérielle et près de 59 % indiquent avoir pris un traitement hypolipémiant (pour diminuer le taux des lipides sanguins) remboursé au cours des douze derniers mois. Il ressort également que 13,4 % des personnes vivant avec un DT2 fument occasionnellement ou tous les jours et que 7 % d’entre elles ont une consommation d’alcool élevée ou sévère.
Tabagisme chez un quart des personnes vivant avec un DT1
En ce qui concerne les personnes atteintes de diabète de type 1 interrogées dans cette étude, environ 29 % sont en surpoids, 20,7 % sont obèses ; 40,9 % sont traitées par anti-hypertenseurs ; 31,5% reçoivent un traitement hypolipémiant. Enfin, un diabétique de type 1 sur quatre (25,3%) fume occasionnellement ou quotidiennement et 11,3 % ont une consommation d’alcool de niveau élevé ou sévère.
La prévalence des complications microvasculaires reste élevée
Concernant les complications macrovasculaires (athérosclérose des gros vaisseaux), elles étaient plus fréquentes chez les personnes atteintes de DT2 que chez celles souffrant de DT1. Ainsi, 19 % des personnes avec un DT2 ont déclaré une complication coronarienne, 7,8 % ont fait état de la survenue d’un accident vasculaire cérébral (AVC). Ces proportions étaient respectivement de 11,5 % et 3,3 % pour les personnes vivant avec un DT1.
À l’inverse, des complications microvasculaires (qui affectent les petits vaisseaux de l’œil, du pied et du rein) ont été davantage rapportées par les personnes avec un DT1. Ainsi, 3,7 % ont déclaré la perte de la vue d’un œil et 12,9 % ont dit avoir présenté un mal perforant plantaire (ulcération de la face plantaire, caractéristique du « pied diabétique »). Ces proportions étaient respectivement de 3,2 % et 6,7 % chez les personnes avec un DT2.
Dans le but d’affiner ces premiers résultats sur les complications vasculaires, ces données déclaratives devront être confrontées à celles provenant des médecins. Au total, « concernant les complications, les premières informations auto-déclarées par les personnes rapportent une prévalence de complications microvasculaires et macrovasculaires relativement élevée, mais en diminution par rapport à 2007 », soulignent les auteurs de l’étude.
Sandrine Fosse-Edorh et ses collègues de Santé publique France, de la Haute Autorité de Santé, de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé et de Caisse nationale de l’assurance maladie, font remarquer qu’en France métropolitaine, la population des personnes DT2 a vieilli depuis 2007. « L’âge moyen en 2019 était de 67 ans alors qu’il était de 65 ans en 2007, stable depuis 2001. De même, l’ancienneté médiane du diabète (11 ans) a augmenté de 2 ans alors qu’elle était stable entre 2001 et 2007 ». Selon les auteurs de l’étude Entred 3, ce vieillissement de la population DT2 est probablement le reflet de la diminution de l’incidence du diabète observée en France et d’une diminution du taux de mortalité qui se traduit par un allongement de l’espérance de vie des personnes vivant avec un diabète.
Affiner l’étude des complications par le recueil d’informations auprès des médecins
Les auteurs de l’étude soulignent qu’ « il sera toutefois nécessaire de compléter ces informations avec les valeurs de pression artérielle et de lipidémies recueillies auprès des médecins pour objectiver l’évolution du niveau de contrôle du risque vasculaire. De même, les valeurs d’HbA1c (hémoglobine glyquée) recueillies auprès des médecins permettront d’étudier l’évolution de l’équilibre glycémique ».
D’autres analyses devraient suivre à l’avenir, notamment une description de l’état de santé des personnes présentant un diabète résidant dans les départements d’outre-mer, grâce à un recueil de données effectué auprès de plus de 2 300 personnes. Ces publications ultérieures porteront sur les populations de La Réunion, de la Guyane et des Antilles.